Il y a plusieurs années de cela, le retrait d’amiante consistait à confiner la zone de travail, équiper les opérateurs avec des protections respiratoires ventilées ou à adduction d’air et leur faire gratter l’amiante en admettant que les ouvriers étaient protégés et que la poussière était confinée dans la zone de travail. Le film Planète Amiante illustre cette pratique. (Le film est encore disponible)
Cette manière de faire a depuis été discréditée dès 1996, entre autres par Robin Howie, un chercheur britannique, suite à des mesures de concentration d’amiante à l’intérieur des masques de protection respiratoire ventilés portés par les opérateurs, démontrant que cette concentration dépend de la concentration à l’extérieur du masque, et que l’efficacité des protections respiratoires est loin d’être suffisante si des mesures draconiennes de réduction de l’empoussièrement ambiant ne sont pas appliquées.
Ces constatations ont conduit les autorités britanniques à imposer lors du retrait d’amiante deux types de moyens de réduction du niveau d’empoussièrement à la source : l’imprégnation contrôlée avant retrait, et le retrait à sec avec aspiration à la source.
En France, les résultats de mesures publiées par l’INRS ont ensuite montré que la protection apportée par les masques à adduction d’air était du même ordre de grandeur, dans un rapport suggérant qu’il fallait également veiller à limiter la concentration de fibres à l’extérieur des masques.
Les mesures de la campagne META réalisées en 2010 et 2011 sur les chantiers de désamiantage en France font apparaître des résultats très élevés, laissant penser que le grattage à sec était encore une pratique courante. Cependant, les résultats publiés n’étant pas assortis de la mention des moyens de protection collective utilisés, il n’est pas possible de se servir de ces résultats pour choisir les processus correspondant aux meilleures pratiques.
Un rapport publié au Royaume Uni en 1995 fait état d’une réduction par 100 des valeurs de concentration sur opérateur pour les procédés de retrait après imprégnation par rapport aux techniques de retrait à sec. Il est alors possible de réduire la concentration lors du retrait de calorifugeage à des valeurs moyennes inférieures à 1000 fibres par litre, et même inférieures à 100 fibres par litre si on utilise un système d’injection à aiguilles, sous réserve d’une formation spécifique des opérateurs suivie d’une évaluation de leur capacité à utiliser le procédé de façon correcte.
Les mesures réalisées lors du retrait à sec des MCA s’élèvent en moyenne arithmétique à 360 000 fibres par litre, et en moyenne géométrique à 41 000 fibres par litre, ce qui se rapproche de certains résultats élevés de la campagne française en META.
Aux Etats-Unis, le conditionnement de l’amiante à l’humide avant retrait est obligatoire, toute exception devant être justifiée. Depuis 1990 les agents de contrôle disposent d’instructions pour vérifier sur site, notamment dans les sacs à déchets, que l’imprégnation totale des matériaux poreux a bien été réalisée, et que les MCA non poreux sont préalablement humidifiés sur toute leur surface.
Une étude américaine de 1996 rapporte des mesures de concentration moyennes de 200 fibres par litre, tant sur opérateur que dans la zone de travail, pour le retrait de calorifugeage de chaudières et de tuyauteries, avec une plage de mesures allant de 5 et 1550 fibres par litre. Pour les faux-plafonds, les résultats sont compris entre 5 et 350 fibres par litre.
Chez nous, le décret du 4 mai 2012 spécifie désormais aussi des méthodes de réduction de l’empoussièrement lors du retrait d’amiante, et en premier lieu impose d’imprégner à coeur les MCA avec des agents mouillants (Art. R4412-108 du code du travail).
Par ailleurs, l’article R4412-109 cite les moyens de protection collective à mettre en œuvre pour éviter la dispersion des fibres et abaisser la concentration au plus bas, dans le cas ou la volatilité de l’amiante n’a pu être totalement supprimée par imprégnation.
Intégrer les techniques d’humidification dans leurs processus, et trouver des alternatives dans le cas où celles-ci ne sont pas applicables ou suffisantes constituent un nouveau challenge pour les entreprises de désamiantage.
Nous vous proposons, lors d‘une journée de formation pratique, de faire un tour d’horizon des solutions possibles qui permettront à la fois de répondre aux impératifs économiques, et de réduire l’exposition aux fibres d’amiante, comme l’impose le passage à la VLEP de 10 fibres par litre :
PRATIQUE DES TECHNIQUES DE REDUCTION DU NIVEAU D’EMPOUSSIEREMENT : Comment respecter les articles R4412-108 et R4412-109 du code du travail.
La prochaine journée se déroulera le 23 juin 2015 à Mulhouse-Lutterbach (68).
Télécharger le programme : FEB 07-03 APC
Inscriptions : c.barth@cefasc.eu
Tél : 03 89 61 58 88