Lorsqu’on explique à des professionnels du désamiantage, ceux qui sont en zone de travail, le mode de calcul de leur exposition à l’aide du modèle préconisé par les textes officiels , à partir des résultats d’un chantier test puis de chantiers de référence, on ne tarde pas à entendre la remarque du style : «Oui mais sur les chantiers test il n’y en a qu’un ou deux qui travaillent, alors qu’après, quand on est dix ou quinze dans une zone, ça fait beaucoup plus de poussière ».
Remarque pleine de bon sens, qui exprime que l’exposition de chacun est influencée par les fibres produites par les autres. On ne pourrait donc pas utiliser directement les mesures de concentrations mesurées sur chantiers test, issues de la production de fibres d’un ou deux opérateurs, pour calculer l’exposition de chacun des opérateurs utilisant simultanément le même processus, puisque la production de chacun influence aussi la concentration dans la zone respiratoire des autres.
Or c’est bien l’exposition réelle et individuelle de chacun qu’il faut comparer à la VLEP pour s’assurer que celle-ci n’est pas dépassée. Si le résultat du calcul n’est pas représentatif de l’exposition réelle, l’employeur ne pourra pas remplir cette obligation de façon satisfaisante et s’assurer de la véracité des documents d’exposition, à archiver des dizaines d’années, et qui pourront s’avérer utile en cas de litige.
Ceci est d’autant plus préoccupant que les mesures sur chantier test servent à classer le niveau d’empoussièrement attendu et à adapter les moyens de protection individuelle et la protection de l’environnement. Si ces mesures préalables ne sont pas représentatives du niveau d’empoussièrement d’un chantier ultérieur, parce ce que celui-ci comporte plus d’opérateurs que le chantier test, cela va conduire à sous-évaluer le niveau d’empoussièrement attendu et à rendre les mesures de protection inadéquates, et encore une fois fausser les calculs d’exposition journalière.
La figure ci-dessous illustre l’évolution des concentrations, obtenues à l’aide d’un logiciel de modélisation, sur un chantier classé a priori en niveau 1, à partir d’un processus mis en œuvre sur chantier test par un seul opérateur.
Lorsqu’on multiplie le nombre d’opérateurs, les niveaux d’empoussièrement (ambiant et individuel) augmentent d’autant plus que les opérateurs sont nombreux, le taux de renouvellement d’air étant constant et égal à 6 fois par heure. Dès l’arrivée d’un deuxième opérateur, le niveau d’empoussièrement passe du niveau 1 au niveau 2. Le niveau d’empoussièrement attendu sur ce chantier, de même que le calcul de l’exposition journalière des opérateurs, ne pourront donc pas simplement se baser sur la mesure individuelle obtenue sur chantier test. Il faudra aussi tenir compte de l’ensemble des flux de production fibres et des conditions aérauliques qui sont différentes d’un chantier à l’autre.
Pour en savoir plus: FEB 07-03 ACAb
BAILLET
septembre 10, 2016 at 5:06Sujet brulant: comment passer d’un “processus” à un mode opératoire puis enfin à un plan d’intervention?
Dans le même ordre d’idées, un processus en SS4 évalué pour réalisation d’une dépose d’une plaque d’amiante ciment par 2 OC en 15mn tout compris est-il extrapolable pur un mode opératoire de dépose de 10 plaques de 4 OC en 1 heure?
Sachant en plus que bien entendu, personne ne mesure réellement aujourd’hui le niveau réel d’empoussièrement “à l’ancienne”, sans MPC…
Une de préconisations de résoA+, dans son cahier de doléances, consiste à demander aux autorités compétentes, la mise en œuvre d’une campagne de mesurage de l’empoussièrement dit en “point zéro” sans aucun MPC ni réducteur à la source, pour des processus récurrents comme percement d’un plâtre, d’une plaque d’amiante ciment, d’un flocage…. complété, processus par processus, d’une seconde campagne de mesurage des effets réducteurs du à la mise en oeuvre de captation à la source, de brumisation, de réduction des vitesses, et ce pour un échantillon témoin.
Ainsi, l’acte de référence (percer-une-plaque-de-1-cm-d’amiante-ciment-avec-un-foret-de-10-à-3000t/mn-sans-percussion) pourrait être décliner avec captation, avec percussion, à 1500t/mn etc…
Une modélisation de l’acte nous donnerait ainsi une abaque fournissant le nombre de fibres au litre pour une durée de l’acte individuel.
Il suffirait ensuite de multiplier par le nombre d’actes prévus dans la période de prise de poste.
Et on obtiendrait la niveau d’empoussièrement attendu, dans différents cas de mise en oeuvre, et ce dans le volume de travail de l’OC.
Enfin, en appliquant des facteurs correctifs comme le confinement dynamique, on pourrait influencer sur le niveau d’empoussièrement ambiant.
Pour en discuter, rendez-vous sur le salon des pros?
Luc BAILLET, co-fondateur de RésoA+
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