Afin de pouvoir renseigner correctement le registre de calcul des données d’exposition individuelle, par exemple à l’aide d’un tableur, il est important que s’assurer que les valeurs du niveau d’empoussièrement correspondant à chaque processus sont incontestables. Ces documents pourront servir à justifier que la VLEP est respectée, notamment en cas de contestation ultérieure des données de la fiche de suivi d’exposition.
Lorsque le niveau d’empoussièrement, à renseigner dans la feuille de calcul, n’est pas directement mesuré sur le chantier concerné, mais issu de mesures sur un chantier test ou des chantiers de validation antérieurs, il faut s’assurer que ces mesures sont transposables aux conditions de mise en oeuvre du processus spécifiques au nouveau chantier.
En effet, l’arrêté du 8 avril 2013 impose : “l’employeur met en oeuvre des moyens lui permettant de vérifier que la mise en oeuvre du ou des processus s’effectue conformément aux modalités mises en oeuvre lors de l’évaluation prévue à l’article R. 4412-126.”
Ainsi, doit-on s’assurer que l’empoussièrement sur un chantier quelconque est bien d’un niveau comparable à celui mesuré lors de ceux ayant servi à l’évaluation des risques.
Il faut alors s’interroger sur les modalités de mises en oeuvre susceptibles d’influencer le niveau d’empoussièrement d’un processus. Il faut aussi s’interroger sur les moyens possibles pour vérifier leur conformité à celles des chantiers test et de validation.
Certains facteurs ayant une influence sur le niveau d’empoussièrement sont assez simples à vérifier. Un contrôle visuel par l’encadrement de chantier, sera à-même de confirmer par exemple :
– que les matériaux sont de même nature
– que la technique utilisée pour le retrait est identique
– que les moyens de protection collective “du processus” sont en place et correctement utilisés.
On pourra alors considérer que le flux de production de fibres d’amiante associé au processus sera comparable d’un chantier à l’autre. Ces aspects dépendent essentiellement de la bonne pratique de l’opérateur qui pourra être contrôlée par l’observation et documentée à l’aide de photos ou d’une check-list
Il n’en est pas de même pour d’autres facteurs, dont la conformité à l’évaluation de risque initiale est plus difficile à établir et à documenter. Ces facteurs s’ils ne sont pas de nature à modifier le flux de production de fibres à la source, influencent néanmoins la concentration individuelle Ci (mesures METOP) .
Il s’agit notamment :
– du volume de la zone de travail
– de la répartition des entrées d’air et des flux d’air dans la zone
– du taux de renouvellement d’air
– de la présence d’autres sources de fibres dans la même zone de travail, issues d’autres opérateurs utilisant le même processus ou un processus différent.
La difficulté d’obtenir des mesures fiables dans les diverses situations rencontrées sur les chantiers ne permet pas d’extrapoler facilement les mesures d’un chantier à l’autre, uniquement à l’aide de modèles utilisant des données statistiques.
L’influence de ces facteurs sur le niveau d’empoussièrement attendu peut par contre avantageusement être appréhendée par l’utilisation de modèles physiques, dont les résultats pourront ensuite être comparés et les paramètres ajustés aux mesures de terrain pour mieux refléter la réalité.
Une fois le modèle établi, il est alors possible d’estimer rapidement les niveaux d’empoussièrement attendu, en tenant compte des conditions réelles du chantier à réaliser, et, le cas échéant, ajuster le nombre d’opérateurs en zone, le taux de renouvellement d’air, la répartition et la configuration des zones de traitement, etc. pour finalement s’assurer que les EPI utilisés seront adaptés, et garantir que la VLEP pourra être respectée.
A titre d’exemple, les bases de calcul du modèle IHMOD de l’association américaine d’hygiène industrielle (AIHA), traduit et mis à disposition par l’INRS, nous a permis d’étudier pour un chantier donné, moyennant certaines hypothèses, l’influence du nombre d’opérateurs et du taux de renouvellement d’air sur le niveau d’empoussièrement individuel, à flux de production constant et identique pour tous les opérateurs.
Les résultats sont présentés sur la figure N°1 ci-dessus.
Le modèle a également permis, dans le cas étudié, d’évaluer le niveau d’empoussièrement ambiant (figure N°2 ci-dessus), permettant de calculer l’exposition des personnes présentes en zone qui ne contribuent pas à la production de fibres telles que par exemple les agents de prélèvement d’air.
Les résultats font apparaître que, si le niveau d’exposition est mesuré lors de l’intervention d’un seul opérateur, lorsque plus d’opérateurs interviennent simultanément, il est nécessaire d’augmenter et d’ajuster le taux de renouvellement d’air si on veut maintenir le niveau d’empoussièrement conforme à l’évaluation du risque initiale, et veiller à ne pas dépasser le domaine d’utilisation des protections respiratoires définies sur la base des premières mesures.
CEFASC ENVIRONNEMENT se tient à votre disposition si vous êtes intéressés par l’utilisation de ce modèle comme aide à la maîtrise de l’empoussièrement sur les chantiers d’amiante par la prise en compte des conditions aérauliques dans vos évaluations des risques.
» L’INRS confirme l’importance du renouvellement d’air
juillet 20, 2018 at 8:09[…] un précédent article, nous avions signalé l’influence des conditions aérauliques et en particulier du taux de […]