Evaluer le risque amiante à l’école : une étude de cas

NOTE DE LECTURE

Etude de cas : Exposition aux plaques de faux-plafond contenant de l’amosite dans une école publique en Suisse.

Vernez et al. Int. J. Environ. Res. Public Health 2019, 16, 5069 ; doi :10.3390/ijerph16245069

Une équipe scientifique pluridisciplinaire de Genève et Lausanne a récemment étudié le cas réel d’une école, afin d’évaluer l’impact sur la santé des occupants de la présence d’amiante dans les bâtiments.

Les bâtiments ont été construits en 1972 et 1976. Seule la présence d’amiante amosite a été détectée, dans 50 % des surfaces de faux-plafonds des couloirs et des salles de classe. Ces faux-plafonds sont considérés comme friables pouvant causer des expositions passives aux fibres d’amiante qui peuvent être libérées soit spontanément, soit à l’occasion de travaux.

La mesure de 5,035 fibres d’amiante par litre d’air dans une classe, alors que la valeur cible pour l’exposition passive en suisse est de 1,0 fibre par litre, a fait naître une inquiétude parmi les occupants des bâtiments et les parents d’élèves, d’autant que la fermeture de la classe concernée n’est intervenue que sept mois après les mesures.

Une étude quantitative indépendante a donc été réalisée rétrospectivement, afin d’évaluer le risque induit par la présence des faux-plafonds contenant de l’amosite, et d’apporter une information impartiale aux enseignants et aux parents d’élèves.

En fonction de leur temps de présence et de leur activité, l’étude distingue le niveau d’exposition des élèves, des professeurs et du personnel assurant notamment l’entretien.

A partir des bases de données disponibles, de mesures in situ, et de simulations numériques des émissions liées à des travaux ponctuels durant la vie de l’immeuble, l’exposition de chaque groupe a été évaluée pour 3 scénarios d’exposition possibles, l’un moyen et deux autres plus pessimistes.

Les risques de mésothéliome et de cancer du poumon ont alors été estimés pour chacun des scénarios d’exposition de chaque groupe, à partir des données épidémiologiques connues, en tenant compte de l’espérance de vie en Suisse.

Les auteurs concluent que dans cet établissement, l’exposition au risque amiante apparaît très faible, compte tenu de la faible teneur en amosite des faux-plafonds, moins de 1%, et du caractère récent des mesures réalisées, qui ne sont pas forcément représentatives des expositions passées.

Il apparaît également que pour le scénario moyen d’exposition, le risque de survenue d’un mésothéliome au cours de leur vie est trois fois plus élevé pour les élèves que pour les enseignants dans des conditions identiques d’exposition. Ceci s’explique par une exposition à un âge plus jeune.

Les auteurs soulignent la nécessité de focaliser les mesures et de maîtriser le risque amiante en priorité dans les bâtiments susceptibles de recevoir de jeunes enfants. Ceux-ci doivent en effet être considérés, dans les études de risque, comme un sous-groupe de la population, à risque plus élevé.

Dans un souci de transparence, le rapport d’étude complet a été communiqué sur le site internet de l’établissement et présenté lors d’une réunion publique aux parents et enseignants.

Au regard des niveaux de risque d’apparition des maladies de l’amiante considérés comme acceptables, les auteurs considèrent que la valeur limite d’exposition suisse, égale à une fibre d’amiante par litre d’air pour la population générale, et dans le cas d’une exposition passive au travail, est discutable. Ils considèrent par ailleurs que la VLEP de 10 fibres par litre est insuffisante dans le cas de l’amosite.

Cette étude tend à démontrer que les démarches d’évaluation quantitative des risques pour la santé, ainsi que les approches participatives, constituent un puissant outil de support aux décisions et à la communication entre les personnes exposées, les experts et les autorités publiques.

Malgré les difficultés pouvant être liées à un manque de la fiabilité des données de terrain et des modèles épidémiologiques disponibles, la méthode, exposée dans le cas particulier de cette école, pourrait être transposée à d’autres situations d’exposition passives aux divers matériaux contenant de l’amiante présents dans les bâtiments, et notamment dans ceux accueillant les plus jeunes.

Voir la publication (en anglais)

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