Alors qu’on évalue à plus de 1,5 millions les professionnels exposés à l’amiante dans le secteur de la rénovation et l’entretien de bâtiments, seuls environ 110 000 bénéficient du suivi médical renforcé obligatoire, dont un tiers d’entre-eux en sous-section 3. Plus de 25 ans après l’interdiction de l’amiante et l’entrée en vigueur de ces obligations, la proportion de travailleurs exposés, sans formation à la prévention du risque amiante ni suivi d’exposition reste énorme.
On sait par ailleurs qu’un tiers des cancers de l’amiante contractés par des femmes, dont la proportion est en hausse, proviennent d’expositions domestiques du fait de l’apport à la maison de vêtements de travail contaminés, alors que les maladies contractées par les hommes sont à près de 90% d’origine professionnelle.
Alors que l’utilisation de l’amiante est interdite depuis 1997, les années 2014 à 2019 ont vu une remontée des maladies dues à cette substance cancérogène.
Durant l’année 2020, il semble, sauf bonne surprise, qu’un part des maladies attendues du fait de l’apparition tardive des effets de l’amiante, aient été remplacées par des morts imputées à la Covid-19, et la mortalité par maladie professionnelle a régressé.
Les statistiques de l’assurance maladie pour 2021 indiquent que la bonne nouvelle n’a pas eu lieu, et qu’on assiste à une remontée du nombre des maladies professionnelles, y compris celles de l’amiante, qui en 2020 ont tout de même coûté 1, 2 milliards d’euros à la branche professionnelle de l’assurance maladie, c’est à dire aux employeurs.
Si globalement, toutes branches confondues, la totalité des affections dues à l’amiante sont à la baisse depuis dix ans, les cancers continuent de progresser et la proportion de femmes parmi les victimes de mésothéliome, également en forte hausse depuis plusieurs années, pourrait indiquer que plus d’expositions non professionnelles sont à venir.
Ainsi pour certains chercheurs, si rien ne change, après les mineurs, les fabricants et les applicateurs de matériaux et produits contenant de l’amiante, on s’orienterait vers une 4e vague de victimes. Celle-ci serait causée par la présence d’amiante encore largement en place dans les bâtiments, aux expositions passives à des MPCA dégradés et aux travaux de rénovation ou de démolition mal conduits.
Télécharger le livret de statistique AT/MP 2021 de l’assurance maladie