Ne baissons pas le débit des extracteurs !

Une tendance à la mode est d’asservir la vitesse d’un ou plusieurs extracteurs à une valeur de dépression souhaitée dans la zone confinée.

En effet, le choix du nombre des extracteurs d’air installés étant réalisé “filtres encrassés”, lorsque les extracteurs ont des filtres neufs et une capacité plus importante, la dépression de la zone risque d’être trop forte, et il faut en réduire sa valeur.

Attention cependant, car le fait de limiter le débit des extracteurs pour ne pas dépasser la dépression souhaitée ne va dans le sens ni des recommandations de l’INRS, ni de la prévention des expositions, ni de la réglementation française.

En effet, dans sa note décrivant la méthode du bilan aéraulique, l’INRS préconise un ajustement de la dépression non pas en réduisant la capacité d’extraction, mais par une augmentation du débit d’entrée d’air et par un réglage de ce débit par des entrées d’air dédiées. Ceci contribue à augmenter globalement le taux de renouvellement d’air neuf et donc réduire le niveau d’exposition dans la zone de travail.

Au contraire, si on réduit le niveau de dépression en diminuant le renouvellement d’air par réduction du débit d’extraction, on ne respecte pas l’exigence réglementaire de réduction, techniquement au plus bas possible, du niveau d’exposition. Cette option tend donc à augmenter le niveau de danger des chantiers de désamiantage et il sera difficile d’en justifier le choix comme mesure de prévention associée à l’évaluation des risques.

D’après l’INRS, il est même recommandé de faire fonctionner en permanence l’extracteur de secours, encore pour respecter au mieux cette exigence.

6 thoughts on “Ne baissons pas le débit des extracteurs !

  1. ZAEPFFEL

    septembre 5, 2017 at 7:43

    Bonjour

    Où peut on se procurer des entrées d’air de réglages digne de son nom ?
    Il est difficile d’en trouver de bonne avec des données en m3/h par rapport au réglage souhaité.

    Merci

  2. Paddy

    septembre 5, 2017 at 11:12

    Bonjour,
    Le problème dans tout cela est que personne ne regarde le comportement des fibres d’amiante en fonction de l’aérologie. Lorsque l’on sait que plus les turbulences augmentent et plus les fibres s’agglomèrent pour enfin sédimenter au sol, sur les murs et au plafond, on y prend un peu plus garde. L’opérateur est protégé sur l’instant, mais qu’en est-il lorsque les extracteurs diminuent ou s’arrêtent : un beau relargage des fibres dans l’air !
    Donc augmenter les renouvellements d’air, oui, mais avec précaution et jusqu’où.
    Cdlt

  3. admin

    septembre 5, 2017 at 11:30

    Il me semblait que les fibres d’amiante dangereuses, les plus fines qui restent sous forme d’aérosols, ne sédimentent quasiment pas, surtout en régime turbulent, et que c’est pour cela que les mesures libératoires sont faites par prélèvement d’air et non pas sur le sol.
    Pouvez-vous nous en dire plus sur l’agglomération des fibres d’amiante dans l’air, ou alors parlez-vous de la tendance des films polyéthylène à attirer les fibres résiduelles ?

    • Paddy

      septembre 6, 2017 at 9:26

      Effectivement, Plus les particules sont petites, plus elles se maintiennent en suspension dans l’air. C’est le cas des fibres d’amiante de moins de 1 micron, qui peuvent même avoir un comportement brownien.
      La problématique est que l’amiante, notamment le chrysotile, possède de fortes tensions de surface. C’est à dire que les fibres ont tendance à se coller aux poussières et autres fibres (une des raisons pour lesquelles les cassettes de prélèvement doivent être conductrices de l’électricité). Ce comportement s’amplifie lors de fortes turbulences qui amplifient les forces électrostatiques, l’agglomération augmente alors le poids de l’élément ainsi formé et celui-ci peut sédimenter au lieu d’être filtré.

  4. admin

    septembre 6, 2017 at 11:52

    Merci pour ces explications. L’agitation de l’air favorise l’adsorption des fibres de chrysotile sur des particules assez grosses pour sédimenter, ce qui contribue à l’épuration de l’air de la zone. Est-ce le même phénomène qui joue en présence de fines gouttelettes dans l’air ?

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