Douche en combinaison T5 : des réponses en images

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Les nouvelles recommandations de l’INRS sur le bilan aéraulique indiquent qu’il est nécessaire de se doucher avec les EPI durant 3 à 5 minutes avant de retirer ses vêtements.

Les opinions exprimées, par les abonnés de ce blog qui ont eu la gentillesse de bien vouloir se jeter à l’eau en répondant à notre récente enquête sur les raisons de se doucher avec une combinaison jetable en sortie de zone amiante, se sont avérées très diverses et parfois divergentes.

Une bonne partie des uns et des autres, invoquant des raisons opposées, a avoué agir avant tout pour se conformer à la réglementation, qui impose une première douche avec EPI, mais qui n’en précise pas les modalités.

Afin de visualiser le comportement des particules fines déposées sur une combinaison, a priori non décontaminable, lorsqu’elles sont en présence d’eau, nous avons procédé à des tests simples à l’aide de poudre noire, hydrophobe comme les amphiboles, et de résidus de ponçage de béton, plutôt hydrophiles comme le chrysotile :

Voir la vidéo

Quelques observations peuvent être retirées de ces tests, qu’il y aurait lieu de vérifier avec des particules d’amiante:

– La douche à l’eau sans agent mouillant a plutôt tendance à décoller les particules et les disperser dans l’air sans les bloquer. Sans agent mouillant, l’eau ne mouille pas les combinaisons et se trouve rejetée par le textile. Pour retirer les particules du textile, il faut trouver autre chose.

– On sait par ailleurs que les plus fins aérosols remis en suspension dans l’air ne sont pas éliminés par lavage de l’air avec de l’eau, surtout s’ils présentent une surface hydrophobe, d’où la nécessité de bien ventiler les sas de décontamination et de filtrer l’air extrait.

– De façon plus préoccupante, la douche a l’eau additionnée d’un agent mouillant imprègne la combinaison de liquide et permet aux particules de traverser le textile et de contaminer l’intérieur de la combinaison, ce qui serait l’inverse d’une opération de décontamination.

Alors, faut-il vraiment se doucher avec une combinaison T5, qui est conçue et testée uniquement pour protéger des aérosols solides (ED6247 de l’INRS), voire T6, résistante uniquement aux éclaboussures accidentelles de substances peu dangereuses (ED 127 de l’INRS) ? Compte tenu de ces observations, la question mérite d’être posée.

Rappelons que la première réglementation des installations de décontamination amiante ne prévoyait, comme dans les autres pays, dans le cas de l’utilisation de vêtements jetables, qu’une aspiration des combinaisons, puis une douche d’hygiène, avec APR mais sans vêtements, dans une installation à trois compartiments minimum, l’installation à 5 compartiments et deux douches n’étant obligatoire que dans le cas de l’utilisation de tenues lavables.

En tout état de cause les conditions de décontamination avant sortie de zone constituent un point sensible pour la sécurité sur les chantiers d’amiante, et doit faire l’objet d’une réflexion et d’une formation sur les bonnes pratiques à mettre en oeuvre qui seront décrites dans les procédures de sortie de zone amiante.

6 thoughts on “Douche en combinaison T5 : des réponses en images

  1. GIMENEZ

    novembre 12, 2018 at 9:47

    Bonjour
    Le test est intéressant mais certaines des interrogations ici ont des réponses dans la réglementation. La combinaison n’a jamais été décontaminable : sinon elle serait réutilisable (ou retraitée différemment). C’est un EPI qui part en effet en ISDD ex. classe 1 = déchets dangereux. Le taux de fibre dans la douche a été pris en compte : le nombre de renouvellement horaire est bien plus important aussi qu’en zone de travail (120 – 200 fois). Le SAS du personnel est jours ventilé pendant la douche donc le renouvellement d’air est effectif (et vérifié avant travaux). Je vous rejoins pour un test avec des particules comparables et non seulement plus grosses comme la poudre de béton. Mais la question de la douche était un sujet intéressant pour les motifs que vous soulevez… c’est pourquoi j’avais répondu au questionnaire (cadre du bas) en indiquant ce côté “non décontaminable” donc une question -pour moi- imprécise dans son texte. Un surfactant pouvant fixer des fibres sur combinaison mais une autre opération ne rendant toujours pas la combinaison lavée/décontaminée. Quant à l’aspiration de la combinaison : il me semble important d’être vigilant à ce sujet (elle ne sera toujours pas décontaminée après aspiration) car cela suppose un temps d’intervention bien plus long et plus minutieux que ce qu’on peut voir sur certaines vidéos… (intervention à faire à deux en outre pour aller vraiment partout comme indiqué en formation). Les 5 SAS apportent très certainement actuellement la meilleure réponse pour quitter la zone de travail dès lors que le protocole est respecté scrupuleusement. Cordialement.

  2. ALM

    novembre 16, 2018 at 9:29

    Bonjour,

    Comme tous les dossiers “techniques”, “juridiques”, “normatifs”, à qui poser la question ? et surtout aurez-vous une réponse !
    A ce jour je ne reçois aucune réponse, en espérant que vous aurez plus de chance … mais pour le moment on continuera à mouiller nos combinaisons…. à porter des EPI avec un FP de 60 alors que l’INRS prévoit un FP de 100… à mettre un lot de masques visiteurs sur les chantiers… à faire des tests d’étanchéité conformes avec des barbes de trois jours mais imposer le rasage complet…. à mettre en place sur les chantiers des solutions techniques inventées par des savants à des problèmes qui n’existent pas uniquement sous prétexte du principe de précaution et satisfaire des pseudo-sachants.
    A l’instar de votre analyse critique sur l’efficacité de la douche en combinaison, il est nécessaire de se poser de vraies questions techniques et ne pas se satisfaire de l’avis de ces pseudo-sachants à l’égo démesuré qui imposent leurs directives convaincus de leur expertise.
    Bon courage pour faire entendre votre point de vue.
    Cordialement

  3. Martial LIPIEC

    décembre 28, 2018 at 10:28

    Bonjour,

    Une fois de plus, nous sommes face à des recommandations floues qui laissent des portes ouvertes à des interprétations aléatoires, et potentiellement “Dangereuses”!!!
    Evidemment, l’avis des scientifiques nous intéresse, mais les “sachant” qui régissent notre activités sont complètement dépourvus de bon sens!
    Après 21 ans de retrait de matériaux amiantés en France, nous croulons sous des normes, arrêtés, décrets, recommandations diverses, notes de la DGT, et les multiples interprétations qu’en font les organismes de contrôles et les organismes de certifications. Si certains pensent qu’on avance, personnellement, je pense que l’on patauge dans une nébuleuse ou malheureusement, tout le monde y trouve des intérêts personnels, (entreprises sérieuses, entreprises dangereuses, organismes de contrôles (DIRECCTE-CARSAT- Organismes de certifications et leurs auditeurs- organismes de formations etc.) Tous effectuent des contrôles ou des recommandations à géométries et compétences très variables!!
    Pourquoi n’avons nous pas, au bout de 21 ans, une règlementation CLAIRE, NETTE, PRECISE et sans AMBIGUÏTE???
    Pourquoi les professionnels ne sont-ils pas plus impliqués dans la réalisation de cette dernière??? puisqu’ils en sont exclusivement et toujours responsables devant la loi!!

    Notre métier est pourtant passionnant, mais souffre, et je le crains encore pour longtemps, d’une absence absolue de clarté et de bon sens!

    Cordialement

  4. admin

    décembre 31, 2018 at 2:07

    C’est peut-être le moment de faire un cahier de doléances…
    A qui poser les questions ? A l’INRS/OPPBTP qui chapeautent tout le système de compétences puisqu’ils disposent de l’exclusivité pour la formation des formateurs de sous-section 3, et de sous-section 4 pour les centres souhaitant être habilités.
    Malheureusement le circuit de formation des auditeurs de certification, à qui le pouvoir de contrôle des entreprises à été transféré, n’est pas le même, d’où les disparités de compétences criantes.
    Ajoutons que les avis ou recommandations des uns et des autres ne devraient pas systématiquement avoir valeur d’obligations, qui relèvent exclusivement de la réglementation.
    Le travail de la Cevalia devrait déboucher sur un corpus de bonnes pratiques, existantes ou innovantes, reconnues de tous.

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